Dinan : À la découverte de la Vallée de la Rance

Voici quelques semaines (humpf… plusieurs mois), j’ai rejoint les BreizhBlogueuses pour l’assemblée générale accueillie cette année par la magnifique cité médiévale de Dinan. L’association fondée par Chris et Lalydo regroupe un ensemble de blogueuses mettant la valeur la Bretagne et ses acteurs par le biais d’articles et de publications de photos sur les réseaux sociaux.

A l’issue de la revue annuelle et du déjeuner (pantagruélique ; les Breizhblogueuses ont une solide réputation de cuisinières et gourmandes qui ne s’est pas démentie), nous nous sommes dirigées vers la rue du Jerzual et ses remarquables maisons-boutiques des 15ème et 16ème siècle. Cette voie pavée que nous avons hélas dévalée à fond de train était le théâtre privilégié des commerçants, bourgeois et artisans par son accès direct sur port d’où nous avons embarqué pour une balade au fil de l’eau du canal d’Ille et Rance.

Le canal bicentenaire, ordonné par Napoléon afin de contrer le blocus maritime anglais, permet de relier Rennes à Saint Malo en empruntant 48 écluses sur un parcours de près de 85 kilomètres. Initialement prévu pour un usage militaire, les péniches commerçantes ont rapidement pris le dessus et désormais elles croisent celles qui transportent les passagers à la découvertes des richesses de la vallée de la Rance.

Cette paisible balade permet d’apprendre la vie des bateliers d’alors et de rejoindre l’abbaye de Saint Magloire à Léhon, Petite Cité de Caractère. La légende rapporte que les reliques alors subtilisées par des moines au monastère de l’île de Sercq auraient fait fructifier un arbre stérile. C’est sur ces terres que fut érigée une première abbaye en 850 par le roi de Bretagne Nominoë. Il n’y a plus de vestiges d’alors mais Florence, guide conférencière, nous fait découvrir le site bénédictin fondé au 12ème siècle qui lui a succédé.

L’abbaye en partie restaurée en 2009 révèle ses trésors dont certains ouvrages datés du 15ème siècle, la salle de restauration où sont célébrés les mariages (et où l’on peut apprécier l’imposant chauffe-plats) et son grenier où étaient stockés les vivres. L’enclos renferme en son sein un ensemble d’herbes médicinales (bourrache, sauge, aspérale…) et de plantes ornementales.

Dès que l’on s’engage dans l’église abbatiale, notre regard est attiré par la cuve baptismale sculptée dans un monolithe. Daté du 13ème siècle, l’ensemble est richement décoré avec ces visages modelés dans le minéral. L’église est également peuplée de quelques gisants dont certains noms se sont illustrés lors des guerres de Bretagne.

Dans la nef se trouve le reliquaire qui contenait les reliques de Saint Magloire « empruntées » à l’île de Sercq. Aujourd’hui, ces pièces ne sont plus visibles, transférées à l’abbaye de Saint Magloire à Paris et disparue depuis.

À l’issue de la visite, construit sur une ancienne motte féodale, l’ancien château ducal de Léhon s’est révélé sur le chemin de ronde qui mène au centre ville de Dinan. Il ne substite que les murs de l’édifice du 13ème siècle, une grande partie des pierres qui le composait a servi à la réfection du monastère.

Le temps maussade de cette journée ne rend pas hommage aux sites et monuments visités mais je vous invite à découvrir cette belle cité de Dinan ainsi que sa proche voisine Léhon.  Vous pouvez également consulter les billets de mes amies BreizhBlogueuses en allant chez Anaïs, Laura, Florence, Caroline, Jacqueline, Mathilde, Marie-Ange, Isabelle, et bien sûr Lalydo.

Remerciements :

  • Office du Tourisme de Dinan, consultez leur agenda ; les animations, expositions sont nombreuses et variées
  • Florence Rocaboy, guide conférencière
  • Vedette Jaman V 
  • et bien évidemment aux BreizhBlogueuses qui m’ont chaleureusement accueillie

L’empreinte

Par un bel après-midi de fin d’été, assise sur son déambulateur posté sur le littoral du lac de Paimpont, une dame fouille un sac en plastique, en sort des quignons de pain qu’elle émiette et jette sur le rivage. Quelques canards au loin l’ont reconnue. Ils se précipitent à grands coups d’ailes quitte à donner du bec en arrivant sur le butin. Elle raconte quelques bribes de son histoire aux promeneurs qui veulent bien de s’arrêter. D’un poème breton appris en enfance qu’elle parvient à déclamer intégralement. De sa vie militaire avec son mari à Coëtquidan tout proche, des amis disséminés de part le monde. D’ailleurs, elle a un petit paquet de lettres à déposer à la Poste. Ses visiteurs d’un jour, inconnus quelques minutes plus tôt, auraient-ils la gentillesse de les déposer dans la boîte aux lettres située dans le centre ? Les facteurs apportent le courrier mais refusent d’en emporter. Nous acceptons, elle se lève nous embrasse sur les deux joues et remet une belle orange, jusqu’alors dissimulée dans le panier du déambulateur, à NuméroBis. Elle nous remercie une fois encore puis s’en retourne vers sa maison de retraite en nous rappelant son nom.
Sa silhouette qui s’éloignait, son attitude m’a rappelée une autre. Un visage tout aussi abimé par le temps,  une voix éraillée, des yeux bleus qui s’illuminaient malicieux dès qu’on lui rendait visite. Son amour pour sa maison, son jardin et ses parterre de fleurs d’où aucune mauvaise herbe jaillissait, et plus encore pour sa famille. Oh il y a eu des nuages : un petit-fils disparu trop tôt, son époux puis sa fille cadette. Elle s’en est allée les retrouver ce 15 septembre. Peut-être. Elle s’appelait Marie.

À la fortune du pot !

C’était l’heure du petit-déjeuner d’un matin d’été. Nous logions pour la quinzaine chez ma belle famille sur la côte vendéenne. Les enfants, matinaux comme ils savent l’être pendant les vacances, avaient déjà mangé et s’étaient confortablement installés devant la télé qui diffusait un dessin-animé criard.

A l’heure où je m’étais levée, l’haleine chargée et le cheveu hirsute, l’air était déjà doux. Je préparai tranquillement mon petit-déjeuner : pain grillé et ma marotte du moment, une confiture de gingembre so british. Alors que j’entreprenais de tartiner sans me tromper l’une sur l’autre, mon hôtesse apparût. Après les formalités d’usage, ma belle-mère s’intéressa au contenu du pot :
 Du gingembre ? Tu en prends souvent ?
En essuyant de l’index, un surplus du délice sucré, je répondis par l’affirmative.
Mais tu sais que, euh… Comment dire ? Sais-tu que ça échauffe les parties féminines ?

Devant mon air incrédule, elle crut bon de préciser :

 Mais tu sais que… euh… Comment dire… Sais-tu que ça échauffe les parties féminines ?
Je vais en reprendre…

Fausse route

Tu te rends compte que depuis plus de 20 ans que l’on se connait, que l’on se  supporte ?

Tu te rends compte qu’au long cours, la fausse routine, on s’est tout dévoilés, pas seulement nos atours mais aussi nos lâchetés, nos angoisses ?
Tu te rends compte qu’en 20 ans, on s’est aimé, boudé, disputé, réconcilié ?
Tu te rends compte que 20 ans et deux enfants plus tard, j’avais prévu de te faire une petite surprise ? Comme ça, sans raison.
Tu te rends compte qu’en sortant de la route, c’est toi qui m’a surprise ?
Tes 100 km/h sur une voie rendue glissante par la grêle contre le sur-matelas pour rendre le lit douillet.
Tu n’avais pas le droit.
Heureusement, tu n’as rien.

Méprise

C’était un vendredi de la fin de l’été. Je pianotais sur l’écran de mon iphone tandis que la télé diffusait une série policière que je regardais d’un oeil distrait.

Le lendemain, je me rendais à une sortie bloguesque dont je ne devrais plus tarder à vous parler. Puis la fatigue de la semaine aidant, je passais de la position assise à celle plus confortable de tireur couché pour enfin m’assoupir dans l’étroit canapé.

Vers deux heures du matin, je m’étais réveillée, la marque de la télécommande imprimée sur la joue gauche. En titubant, je m’étais dirigée vers le lit conjugal pour tenter de retrouver le sommeil.

Au petit matin, je m’étais étonnée auprès de l’homme qui partage ma vie :

  • Mais quand tu t’es couché hier soir, tu ne m’as pas souhaité une bonne nuit ?
  • Si
  • Cela ne t’a pas étonnée que je ne réponde pas ?
  • Non, la télé fonctionnait.
  • Je dormais… Tu n’avais rien remarqué ?
  • Si…
  • Ah !
  • Gibbs avait une moustache.

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La muse et moi

Il fut un temps où j’écrivais un billet chaque jour. Les mots dansaient, s’ajoutaient presque par magie sur la page. Puis, un triste jour, l’inspiration est partie. Avec une âme douce, elle s’est envolée. Les sujets restaient pourtant toujours présents, mais les mots refusaient de se coucher sur cette page obstinément blanche. Une grève des mots qui camouflait les maux. A bout de souffle.
 
L’inspiration est une salope, une allumeuse. Telle une anguille, elle s’échappe aux moments propices pour mieux nous surprendre ailleurs. Quand bébé pleure, quand vient l’heure de la préparation du repas, quand la maison est emplie d’invités… Elle fait son apparition. La mienne ressurgit essentiellement quand je conduis.Telle une belle-mère envahissante, elle pousse le vice à se manifester quand je suis en retard. Perfide, elle hait le réchauffé, et pour peu que j’ai la présence d’esprit de lancer le Dictaphone présent sur l’iphone, elle se dérobe à nouveau. L’inspiration a besoin du léger cliquetis que fait le clavier sous la danse de mes doigts. Elle se refuse aux carnets que je tente pourtant de garnir, quelques mots y sont jetés mais sans saveurs sans piments. Fades.
 
Alors ? Alors peut-être est-il venu le temps de refermer un lieu qui prend irrémédiablement de plus en plus la poussière ?
 

Fin novembre

Il y a des combats qui peuvent se gagner avec des mots.

Pour contrer ces maux, je laisse parler Mentalo.

La clé tourne doucement dans la serrure et elle se raidit, imperceptiblement. L’enfant dans ses bras fige son sourire et l’interroge de ses yeux muets, si verts, les mêmes que ceux de sa mère.

Il entre. L’enfant est prête, elle l’embrasse et la pose dans sa coque, l’harnache, se concentre sur la tâche pour ne pas penser, surtout ne pas penser, ne pas trembler, ne pas lui montrer qu’elle a peur.

Elle va dans la cuisine chercher les biberons, les petits pots qu’elle a préparés pour le week-end. Il la suit, s’arrête dans l’ouverture de la porte. Elle veut ressortir, il ne bouge pas. Elle ne comprend pas. Il ne dit rien. Machinalement, elle protège son visage d’une main, pendant que l’autre tient le petit sac isotherme, et passe la porte, alors qu’il ne bouge toujours pas.

Sa main s’abat, et avec lui la puissance de son bras. Il a cru qu’elle…

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